Provocateur, poussé à l'extrême, satyrique.
Même pas absurde, juste Dupieux.
Il a du talent Dupieux. Il fait croire à l'absurde en caricaturant à peine les dérives du monde d'aujourd'hui. Ce monde dans lequel il est si facile de se vautrer lamentablement. Quelle misère!
Que voit-on durant tout le film ? Une pauvre fille qui ferait n'importe quoi pour qu'on la regarde.
Que son père la regarde comme il se gausse devant ces émissions vulgaires qui lui apportent tant de bonne humeur à coup de coups de poings humiliants, de coups de batte bêtifiants, de défis avilissants...
Message numéro 1: être vulgaire, bête et méchant est ce qui plaît au plus de gens. "J'étais jalouse", dit Magalie. Jalouse de quoi ? De ne pas ressentir de douleur ? De ne pas être vue par des millions de personnes? Ou de ne pas faire rire son père ? Est-ce pour le faire rire ou pour tester la douleur qu'elle s'électrocute volontairement?
Pari (s) gagné(s) ! L'algorithme s'emballe au rythme étourdissant des like en cascade. La voilà influenceuse, et riche à millions. L'histoire ne dit pas si elle incite des esprits ramollis à tenter les mêmes expériences. On l'aime. A la folie. Et c'est ce qu'elle veut. Qu'on la désire. Il est évident pour "Magaloche" que la journaliste (magistralement interprétée par Sandrine Kiberlain) n'a pour elle qu'une passion dévorante. Magalie finit très vite par gagner trop d'argent, (message numéro 2: il est très facile de gagner de l'argent), les réseaux sont friands de ces appels à la violence (message numéro 3), trop au goût de ses parents, qui la mettent dehors. D'autres Thénardier auraient cloîtré la poule aux œufs d'or! Mais c'était sans doute leur prêter trop de vivacité d'esprit. Message n°4: chacun pour soi!
Alors bien sûr, il y a une morale. A vous de trouver la vôtre! Le film est un lent suicide de cette jeune fille, (de la jeune génération?), qui après avoir perdu tout sens de relations humaines pour en avoir été exclue, prend enfin conscience de l'impasse dans laquelle elle se trouve.
Le duel Magaloche/ Simone est savoureux (dialogues percutants et personnage de Sandrine Kiberlain particulèrement bien écrit), la relation Patrick-Magalie sado-maso à souhait (de la voir se terminer est une réelle libération, Victoire! Magaloche reçoit une belle claque! Et c'est le début de la fin...)
Oui, Quentin Dupieux a du talent. Celui de pousser à l'extrême des vérités qui nous choquent. Et comme toute caricature, elle pointe une société en danger.
Mais là où "Yannick" nous surprenait de scène en scène, où "Le Daim" jouait d'une violence banalisée à l'absurdité (excellente Adèle Haenele), où "Deuxième Acte" comme "Daaaaaali" étaient écrits avec une invention sans cesse renouvelée sur le traitement des personnages... j'ai trouvé trop vide le personnage de Adèle Exarchopoulos, et l'humour noir de Quentin Dupieux moins efficace que dans d'autres de ses films. Peut-être suis-je trop inquiète sur les vérités du monde actuel qu'il dépeint...
Attendons le prochain!
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