dimanche 2 novembre 2025

Céline a vu "Springsteen: Deliver Me from Nowhere", Scott Cooper, 2025

 



Springsteen: Deliver Me from Nowhere est une adaptation par Scott Cooper de Deliver Me from Nowhere: The Making of Bruce Springsteen's Nebraska écrit par Warren Zanes. Cet ouvrage se penche sur une période difficile de l'artiste, alors que, déjà musicien à succès, mais perdu entre sa notoriété qu'il ne désire pas tant, ses fantômes d'une enfance mal vécue, son sentiment de ne pas avoir de raison de vivre, il éprouva le besoin d'enregistrer un album très intime. Tant au niveau des textes que de la production, l'album Nebraska devait traduire son authenticité, et ne pas être commercialisé 

Le film n'est donc pas un biopic, et Springsteen, comme Cooper, s'en défendent.

Il est le portrait d'un homme en plein burn-out, ce qui est admirablement bien décrit. 

Il donne un visage très touchant, très humain, à cette star qui ne cherche pas à tirer profit de son statut. Qui cherche simplement à créer sa musique, et à la partager telle qu'elle la vit. Sa relation avec son producteur est très intéressante également: l'artiste a besoin d'un producteur qui le comprenne, croit en lui et sache l'aider à mettre en forme et promotion ses créations. Cette relation est montrée comme une véritable amitié, sincère et profonde. Nécessaire. 

La rencontre avec Faye, fan paisible, dont l'amour et sincère, dénué d'intérêt, lui offre une parenthèse de "normalité", de vie de famille telle qu'il aurait rêvé en connaître. Mais elle s'avère être un déclencheur de sa prise de conscience. Et si elle a une réelle importance dans la vie de Bruce Springsteen, telle qu'elle est mise en scène en tout cas, l'histoire ne semble pas dire qu'ils parviendront à se retrouver. 

Terminer l'album Nebraska a permis à Bruce Springsteen de mettre de l'ordre dans ses sentiments, de comprendre la complexité de ses relations avec son père, et de lui donner la possibilité de continuer sa vie d'artiste avec une plus grande sérénité. 

Le scénario est la base de la réussite de ce film, sa mise en scène est forte d'une direction d'acteurs sensible et juste. Je ne suis pas particulièrement touchée par la musique de Spingsteen, mais j'ai aimé ce film pour son humanité.  

samedi 1 novembre 2025

Après la séance "Massacre à la tronçonneuse" Tobe Hooper

 



A l’occasion d’Halloween, le cinéma Le France de Thonon-les-Bains et le Silencio Club Ciné se sont unis une fois de plus pour présenter cette fois-ci le film Massacre à la tronçonneuse (The Texas Chainsaw Massacre) de Tobe Hooper. Il était présenté par Alexandre Ruffier, critique de cinéma pour les revues "24 images" et "Le Rayon Vert"

 

Contexte de l'événement et présentation

L'événement était une projection organisée en collaboration avec plusieurs entités, incluant le cinéma Le France, la web radio Good Morning Evian (qui prévoit une émission sur le film), et le ciné-club Silencio (qui a préparé le quiz et invité M. Ruffier). La soirée s'est déroulée dans une ambiance décorée pour Halloween, grâce à l'équipe du France : Lydie, la projectionniste, avait préparé une bande sonore d'introduction incluant un bruit de tronçonneuse et des extraits de films du genre.

 

Alexandre Ruffier a tenu à rendre hommage au réalisateur Peter Watkins, décédé le jour même à 90 ans. Il le considère comme l'un des plus grands cinéastes de l'histoire, connu pour ses films politiques comme Punishment Park et La Commune.

 

Analyse et thématiques du film

    

    Le choix du film

Le choix de diffuser ce film pour Halloween, 50 ans après sa sortie, s'explique notamment par une belle restauration 4K réalisée l'année précédente. Le titre même, Massacre à la tronçonneuse, confère au film une aura particulière.


  La censure et la distribution en France

Le film, sorti en 1974, a eu une histoire compliquée en France. Il a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, mais son visa a été retiré une semaine après sa sortie. La ministre de l'époque, Françoise Giroux, l'a refusé, puis lui a accordé un visa X (classé pornographique), interdisant sa diffusion en salle jusqu'en mai 1982. Techniquement, il n'a jamais été censuré car il fut rapidement distribué en VHS par René Château en 1979. Il n'obtint un visa d'exploitation pour une sortie en salle qu'en 1982. Le comité de l'époque a justifié cette décision en affirmant que d'autres films plus violents étaient sortis depuis, rendant la classification initiale inadéquate.

 

    La violence et l'approche documentaire

Tobe Hooper, le réalisateur, souhaitait initialement obtenir une classification protégeant les moins de 12 ans (accord parental souhaité, film déconseillé aux moins de 12 ans), PG 13 aux États-Unis. Le film est en réalité très peu gore, avec peu de sang ou de gros plans sur des plaies ouvertes, contrairement à ses suites. La violence perçue par les censeurs français était plutôt d'ordre psychologique ou plus crue. Les scènes de meurtre sont brutales et non masquées par de quelconques effets.

Hooper, ayant travaillé dans le documentaire, il utilise un style qui s'en rapproche, notamment avec une caméra portée et beaucoup de grain (le film a été tourné en 16mm, en partie par contrainte budgétaire, mais peut-être aussi pour un effet de réalisme).

 

    Contexte Socio-Politique et Critique du Capitalisme

Le film est fortement ancré dans son époque (1974), marquée par l'atmosphère de défiance aux États-Unis due au Watergate et à la guerre du Vietnam. L'ambition de Hooper était de critiquer la couverture médiatique sensationnaliste des faits divers (True Crime) qui éclipsait les événements politiques majeurs. Le carton de début annonçant que le film est inspiré d'une histoire vraie (une légende associée au film) sert cette ambition satirique.

Le film contient également une critique subtile du capitalisme et du travail. La famille cannibale (les Sawyer, selon le second film) n'est pas présentée comme des monstres surnaturels, mais comme des humains détruits par leur environnement, la chaleur du Texas et le travail épuisant de l'abattoir. La violence qu'ils exercent est directement inspirée de la violence infligée aux animaux (utilisant un marteau pour les assommer, par exemple). L'idée du cannibalisme pourrait symboliser l'expression « dog eat dog », illustrant un pays en crise où les gens se "bouffent" les uns les autres pour un gain minime.

Le film dépeint aussi un choc entre deux Amériques : les jeunes (assimilés aux hippies) voyageant en van et la famille rurale et réactionnaire.

 

Caractéristiques de mise en scène

    Bande Sonore Éprouvante : La bande son, jugée "dingue" par un spectateur, utilise des sons réels enregistrés dans un abattoir, mélangés aux bruits diégétiques de la tronçonneuse et du générateur, créant une ambiance de violence continue. Le film cherche à être physiquement éprouvant et exténuant pour le spectateur, notamment par un montage agressif fait de gros plans et d'enchaînements rapides.

 

    Humour : Le film présente un décalage humoristique, particulièrement dans les scènes finales, qui ajoute à l'horreur en rendant le quotidien des tortionnaires à la fois drôle et grotesque. La séquence du passage du camion par exemple a fait réagir plus d'un spectateur. 

 

    Le rôle de Leatherface : Le personnage de Leatherface (Face de Cuir, l'homme à la tronçonneuse) est dépeint comme un individu puissant mais mentalement faible, soumis à son père et manipulé. Il n'est pas le véritable monstre, mais plutôt un enfant maltraité. Le vrai monstre n’est-il pas le père qui le manipule ?

 

    Héritage slasher : Le slasher-movie est un sous-genre du film d'horreur. Il met en scène les meurtres d'un tueur psychopathe, parfois défiguré ou masqué, qui élimine méthodiquement les membres d'un groupe de jeunes ou d'autres personnes, souvent à l’arme blanche et principalement pendant la nuit. Bien qu'il ne soit pas strictement un slasher, Massacre à la tronçonneuse est un précurseur essentiel du genre, ayant établi des codes comme la "Final Girl" (qui survit souvent par chance) et l'utilisation d'une arme blanche (la tronçonneuse). Il se distingue des slashers ultérieurs par l'absence quasi totale de jump scares. En effet, même si certains spectateurs en ont trouvés quelques-uns bien efficaces, on est rarement effrayé au point de sursauter!".

 

    La performance de Sally : L'actrice qui joue Sally (la Final Girl) est jugée très convaincante, particulièrement dans ses cris. Sa performance est renforcée par la mise en scène, notamment par des énormes gros plans sur ses yeux, une image impressionnante qui rappelle une scène du "Chien Andalou" de Buñuel.

 

    Défauts et "radi-qualités"

Certains spectateurs ont trouvé que le film avait moins bien vieilli que d'autres classiques de l'époque (comme La Nuit des morts-vivants, sorti une décennie plus tôt), notamment à cause d'une demi-heure d'introduction lente. Cependant, le côté rugueux, le montage parfois imparfait et l'agressivité sonore (potentiellement délibérée ou due aux contraintes budgétaires) confèrent au film une authenticité sidérante et une qualité radicale qui continue de captiver 50 ans plus tard.

 

    Conclusion

Massacre à la tronçonneuse est considéré comme une pierre angulaire du cinéma d'horreur, dont l'impact tient moins à son gore qu'à sa violence psychologique, sa critique sociale acerbe de l'Amérique des années 70 et son style documentaire éprouvant.

Le film agit comme un miroir déformant de la société américaine de l'époque, où l'horreur naît du choc entre l'innocence et la sauvagerie rurale, tout comme l'utilisation d'une tronçonneuse (un outil du travail) pour massacrer des humains amplifie la critique du capitalisme qui épuise et déshumanise.


Le Silencio Club Ciné s'épanouit! Retrouvez toute son activité sur son nouveau site: silenciocineclub.fr

Brigitte a vu: L'étranger, François Ozon (2025)

 


Sur la palette de François Ozon, deux couleurs, le blanc & le noir, pour dépeindre la vie lumineuse & grave de Meursault. Lumineuse de soleil, Alger la blanche, lumineuse de jeunesse, lumineuse de la présence de Marie, et tout à la fois si grave, par le deuil de la mère, par le flottement d’une vie confuse, égarée, où tout est écrasé par la chaleur & la cruauté des êtres qui croisent & finalement condamnent un Meursault incompris, qui va marcher vers son destin, seul .

François Ozon donne à voir, par touches délicates, les mots de Camus, telle une toile impressionniste. 

Il fallait "oser, Ozon l’a fait ". Qu’il en soit remercié.

mercredi 29 octobre 2025

Céline a vu: ARCO, Ugo Bienvenu, 2025


 

C’est ce premier film de ma sélection que j’ai eu le plaisir de découvrir hier et que je vous conseille avant qu’il ne s’envole de nos salles. 


Animation de science-fiction, le scénario de Ugo Bienvenu nous met en garde, et nous rassure en même temps sur ce que demain nous promet. Anticipation d’un futur proche où la vie s’est adaptée aux préoccupations de notre époque (réchauffement climatique et incidences en catastrophes naturelles; suractivité professionnelle et incidences sur la vie familiale; développement de l’I.A. et remplacement progressif des humains par des robots…) le quotidien qu’il imagine n’est guère attractif, et montre cependant qu’une vie heureuse sera toujours possible.


Quelques images me restent en tête, comme la chevelure de la sœur d’Arco dans son sommeil, ou le regard furtif du jeune garçon distrait dans sa tâche quotidienne auprès des bêtes à nourrir. La forêt qui s’enflamme est titanesque, le ciel peuplé de nuages habités presque paradisiaque, l'école de demain se nourrit d'un virtuel intelligent... Une esthétique différente pour des propos aux tonalités variées.

 Un dessin délicat, ou fantastiquement terrifiant qui cohabite joyeusement avec le burlesque des trois ”hommes-couleurs” (trio benêt mais sympathique). Le monde d'Ugo Bienvenu est métissé d'influences très diverses, liées par un regard optimisme mais qui sonne pourtant l'alerte. Des couleurs qui s’adaptent aux univers (grisonnantes dans le monde d’Iris, tonifiantes dans celles d’Arco, surréalistes dans celles du trio), des reliefs aussi ou des à-plats, des lignes qui suivent les mondes qu’elles dessinent, courbes libérées ou droites rigides.

L'école d’Iris a des décors virtuels pour chaque époque étudiée. C’est le temps qui est la valeur essentielle dans cette pédagogie du futur (époque de la préhistoire, de l’antiquité, du Moyen-âge… ). C'est ce qui semble tout enseigner. Avec l’espace de la voie lactée. Le temps et l’espace sont les clés de la rencontre des deux enfants, “arcoiris” signifiant arc-en-ciel en espagnol.

Le dessin un langage essentiel pour le réalisateur. Il le fait même dire à ses personnages. Certaines séquences le soulignent: ce sont les gravures de Micky le robot-nounou sur les parois de la grotte qui alertent les parents d’Arco et leur permettent de retrouver leur enfant.

Ugo  Bienvenu dans un entretien accordé à Brut déclare:

"Le dessin à la main, ça permet d’exprimer une réalité plus sensible."


Une phrase qui peut éclairer aussi notre cycle Animation.


Le film d'animation à l'honneur à Thonon

  





 En cet automne 2025, nous sommes gâtés!
A l'heure où le Silencio propose son Cycle Animation, réservé à un public averti,                                     
le cinéma d'animés est à l’honneur et sa programmation à Thonon est riche et de qualité.
On se croirait à Annecy pour son célèbre festival!

Le cinéma Le France programme en particulier des réalisations aux esthétiques originales et signées,

aux scénarii nouveaux, poétiques et dynamiques. Des histoires variées inspirées de la littérature, jeunesse ou non, ou de personnages réels, prônant des valeurs essentielles, comme l’amour familial, l’amitié, la construction de soi sur des bases saines et confiantes, nourries de rêve.

 

Le Secret des Mésanges, en doux et enchanteurs papiers découpés, Jack et Nancy, avec la patte reconnaissable entre toutes de Quentin Blake, l’illustrateur inséparable de Roald Dahl, La Vie de Château, Mon enfance à Versailles, dans lequel on a envie de se plonger comme dans un album, Marcel et Monsieur Pagnol, par Sylvain Chomet, auteur inoubliable des Triplettes de Belleville, et Arco, du Bienvenu Ugo dans le cinéma d’animation français! (Désolée, je ne pouvais pas m’en empêcher… )

Mary Anning n'est pas encore à l'affiche mais est déjà annoncé en début de séance. Une belle promesse!

vendredi 24 octobre 2025

Séance Spéciale Halloween: "Massacre à la Tronçonneuse"! Tobe Hooper, 1974


L'horreur arrive 
le 31 Octobre 
au France de Thonon. 
Le Silencio y sera
avec des animations et une explication du film. 

A ne pas rater si vous avez le coeur solide...

Massacre à la tronçonneuse 

de Tobe Hooper

Le partenariat entre Le Silencio et 

le cinéma Le France vous propose,

 pour une soirée spéciale Halloween, 

de voir ou revoir le chef d'oeuvre de l'horreur selon Tobe Hooper, en version 4k restaurée :  

 

Massacre à la tronçonneuse
(version 1974 restaurée en 4k)
Cinéma Le France à 20h30

 

Redécouvrez l'original qui a tout changé ! 

Oubliez tout ce que vous croyez savoir sur l'horreur. 

En 1974, Tobe Hooper a marqué l'histoire du cinéma avec Massacre à la Tronçonneuse 

(The Texas Chainsaw Massacre), un film d'une brutalité viscérale et d'une atmosphère putride 

qui continue de hanter les spectateurs, 

un demi-siècle plus tard.

Basé sur une vague inspiration de faits réels,

 ce chef-d'œuvre à petit budget 

ne repose pas sur le gore explicite 

(contrairement à sa réputation), 

mais sur une terreur psychologique implacable.


 Suivez un groupe de jeunes amis qui, lors d'un road trip au Texas, croisent la route d'une famille de dégénérés, dont l'icône masquée : Leatherface.

Tobe Hooper utilise une esthétique crue, 

presque documentaire, pour vous plonger 

dans un cauchemar fiévreux. 

La tension est palpable, le son strident, et l'ambiance moite vous colle à la peau.

Ce n'est pas seulement un film d'horreur, 

c'est une œuvre d'art brute qui a redéfini le genre, influençant d'innombrables slashers. 


Venez vivre ou revivre l'expérience originale en salle. Préparez-vous à 1h30 de pure hystérie !

 

Oserez-vous affronter Leatherface ?

 

Comme vous vous en doutez, ce film est à réserver à un public adulte et apte à supporter des scènes éprouvantes.


 

mercredi 22 octobre 2025

Cycle Animation : 4 films sinon rien!

 

Le film d'animation n'est pas réservé aux enfants. Au contraire c'est un genre cinématographique à part entière qui grâce à un langage bien spécifique permet de développer des émotions, de traduire des affects valsant de la réalité à l'imaginaire, de la poésie à l'irrecevable.

Prenez garde, et laissez-vous porter dans cet étrange monde qu'est notre inconscient!


Jeudi 18 septembre 20h le France Cycle animation, Valse avec Bachir présenté par Laurent Le Forestier.

Un film d'animation sur la guerre du Liban et des soldats israéliens qui se remémorent la tragédie. Un film fort et cauchemardesque sur les traumatismes de la guerre. Un chef d'œuvre

Jeudi 16 octobre 20h Cinéma Royal Evian, Cycle animation, Mary et Max de Adam Elliot (2009) présenté par Jean Guillard président du Silencio.

Film d'animation en pâte à modeler. La relation de 20 ans par lettre entre une petite fille et un autiste Asperger. Des existences renfermées qui donnent une poésie folle.Jeudi 27 novembre 20h Le France Cycle animation, Persépolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud (2007) présenté par Adèle Morerod

L'existence d'une petite fille iranienne durant la révolution en 1979. D'après sa BD, un hymne à la liberté, à l'espièglerie.

Jeudi 18 décembre 20h Cinéma Royal Cycle animation, Tokyo Godfathers de Satoshi Kon et Shôgo Furuya (2003) présenté par Guillaume Colié membre du Silencio

Une fable pour Noël avec un travesti homosexuel, une fugueuse et un ivrogne qui découvrent un bébé abandonné et une clé. Ils vont vivre des aventures trépidantes.