Jeudi 21 novembre 2024 à 20h00 au cinéma Le France de Thonon
Pour sa deuxième séance autour du " Film noir " nous vous invitons cette fois à la projection d'un film captivant et ô combien esthétique : " Le Criminel " d'Orson Welles (1946).
Ce film traite des répercussions de la Seconde Guerre mondiale via la chasse aux anciens responsables nazis : ici, un inspecteur de police chargé de retrouver les criminels de guerre allemands, fait relâcher un ancien chef d'un camp d'extermination, afin de le surveiller pour accéder à son supérieur…
A noter que c'est le premier film hollywoodien à présenter des séquences documentaires sur l'Holocauste.
Un joli casting pour sublimer ce récit avec, entre autres, Orson Welles lui-même, Loretta Young et Edward G. Robinson.
Laurent Le Forestier, professeur de cinéma à Lausanne, invité pour l'analyse partagée de l'œuvre.
«Le Criminel »
Genre : Film noir. Année : 1946 Pays d'origine : Etats-Unis Durée : 1h35 mn
Réalisateur
: Orson
Welles
Avec : Edward G. Robinson (Monsieur Wilson) , Orson Welles (Pr. Charles Rankin- Franz Kindler), Loretta Young (Mary Longstreet)
L’intrigue :
Wilson, inspecteur de police chargé de retrouver les criminels de guerre allemands, fait relâcher Meinike, ancien chef d'un camp d'extermination, et le surveille jusqu’à Harper, village américain où l'Allemand retrouve son ancien supérieur, Franz Kindler. Franz, vivant sous le nom de Charles Rankin, est devenu un honorable professeur de collège et a épousé Mary, fille du respectable juge Longstreet. Pour éviter les indiscrétions de Meinike, Charles Rankin le supprime. Wilson mène l’enquête…
Le film noir:
C’est
une expression française pour décrire d’abord des films de série
B venus des Etats-Unis et produits de 1940 à1960. C’est un
critique français nommé Nino Frank qui donne le nom film noir en
1946 à ces films souvent tournés vite, sombres, violents et
sensuels. Le héros est souvent hanté par son passé, le jouet du
destin, comme dans "Les Tueurs" de Robert Siodmak (1946).
Le Méchant est
sardonique, cynique et sans scrupule. La femme est souvent décrite
comme fatale et cause des ennuis au héros comme dans "Le
Facteur
sonne
toujours deux fois" de Tay Garnett (1946). Ce dernier est un
détective désabusé, alcoolique parfois, sans attache familiale
comme dans "Le Grand Sommeil" de Howard Hawks (1947) sommet
du genre avec son intrigue tortueuse mais finalement sans importance.
La critique sociale est de mise avec son lot de corruption, de vols,
de prostitution mais on épouse le point de vue des marginaux, des
outsiders comme le
dirait le sociologue H.
Becker.
Finalement un genre qui va inspirer de nombreux
réalisateurs comme Roman Polanski avec "Chinatown"
(1974) ou Paul Verhoeven avec "Basic
Instinct"
(1992).
Le
contexte :
Les
films d'après guerre regorgent de films antinazis. Mais les
réalisateurs n'avaient que peu de liberté quant à leur traitement
du sujet. Ainsi, John Huston ayant refusé le projet, Orson Welles
accepta de tourner ce qui serait son troisième film. Il le regretta,
déclarant même qu'il s'agissait de son plus mauvais film.
Autocritique un peu sévère comme pourra en juger le spectateur.
Orson Welles (1915-1985 Etats-Unis):
Il
n’a tourné que 13 films mais qui ont laissé des traces : "Citizen
Kane" (1941) considéré par beaucoup comme le plus grand film
de l’histoire du cinéma, "La Soif du Mal" (1958) avec son
fameux plan séquence de 3’30, "La Splendeur des
Amberson" (1942) ou "La Dame de Shangaï" (1947). Il a
eu maille à partir avec les studios et beaucoup de ses films ont été
remontés contre son gré.
Il est aussi l’auteur d’une
émission radiophonique "La Guerre des Mondes" (1939) qui
aurait créé une panique aux Etats Unis (ce
qui
est
faux).
Et finalement la légende de Welles,
c’est une volonté farouche de faire des films comme il l’entend:
jeu des acteurs outranciers, décors déstructurés...
Jean-Pierre et Céline pour l'équipe du Silencio Club Ciné
Le cycle «Films noirs » se termine Jeudi 19 décembre 20h (Cinéma Royal à Evian) avec:
Vertigo, Alfred Hitchcock, 1958
(Présentation Abderrahmane Bekiekh)