jeudi 26 décembre 2024

Après la projection de "Vertigo"

Vous étiez nombreux à avoir partagé avec nous le plaisir de voir ou de revoir "Vertigo" d'Alfred Hitchcock! Vous avez découvert l'acrophobie de cet ancien inspecteur de police traumatisé par la chute dans le vide d'un agent qui tentait de le sauver. Vous avez suivi son parcours luttant contre ce handicap pour veiller sur l'épouse d'un ancien ami, parce qu'il craint qu'elle ne mette fin à ses jours, hantée par une malédiction héréditaire. Vous avez eu le tournis vous-mêmes, emportés par la caméra de Robert Burkes et l'invention géniale du "trans-trav" qui par l'usage d'un travelling avant et d'un zoom arrière simultanés donne l'impression de perte de repères totale. Vous avez été envoutés par la musique de Bernard Hermann qui collabora de nombreuses fois avec le maître du suspens. Vous avez maintes fois été surpris, perdus, détournés d'un chemin pour en suivre un autre grâce au talent de travail de scénario et de mise en scène du Grand Alfred Hitchcock... Et, comme moi, vous avez pu nourrir votre fascination pour ce film grace à l'éclairage avisé d'Abderrahmane Bekiekh, professeur de cinéma à Genève, qui s'est montré intarrissable et passionnant sur l'analyse de ce chef d'oeuvre. Nous avons ainsi découvert que le synopsie du film pouvait avoir une double lecture. "Vertigo" est bien un vertigineux film noir. Inspecteur de police, femme fatale, caractérisation prononcée des personnages et de leur personnalité profonde, enquête dont la résolution ne signe pas la fin de l'histoire... tout est là! Mais ce vertige est-il vraiment celui de Scotty, campé par James Stewart? C'est un vertige en 3 actes. Acte 1: une femme éperdument belle doit être surveillée afin de ne pas mourir; elle meurt. Acte 2: une femme est repérée parce qu'elle ressemble à la première: on la modèle, elle devient l'autre. Acte 3: démasquée mais amoureuse, elle cède aux pressions de l'homme qu'elle aime afin d'être aimée en retour... en n'étant pas elle-même.. et elle meurt à son tour. Un vertige oui, non pas celui d'un homme traumatisé, ou pas seulement, mais celui d'une femme qui ne parvient qu'à être l'objet du désir des hommes. Madeleine Elster n'apparait jamais dans le film. Elle n'est qu'un fantôme, un mirage, une idée. Celle que l'on voit est Judy, Judy sous l'apparence de Madeleine, Judy ressemblant à Madeleine, Judy se déshabillant pour devenir Madeleine ... toujours pour avoir une chance d'être aimée. Parce qu'on aime son apparence quand elle lui ressemble. Parce qu'elle n'est qu'une image. C'est elle qui a le vertige et qui perd la tête, et qui perd la vie. La démonstration D'Abderrahmane Bekiekh était sans faille, ses accroches solides.
et ce n'était qu'un des points développés! On ne reverra jamais plus Vertigo avec les mêmes sueurs froides...

3 commentaires:

  1. Je confirme, analyse magistrale d'Abderrahmane Bekiekh pour ce film exceptionnel.

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  2. et quel plaisir de partager un film vu et revu mais sur grand écran et avec un commentaire qui nous fait voir le film avec des yeux neufs. Merci le Silencio et à l'année prochaine.

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  3. Impatience de voir les prochains films. Je regrette d'avoir raté celui là... A bientôt en 2025 et merci pour ce compte rendu

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