mardi 24 juin 2025

Le Dauphiné Libéré salue les lauréats du concours


 Le Palmarès est dévoilé!

  • Prix culottes Courtes pour Eliott et Judith Paccard: "Les Minions"

Du haut de leurs 6 et 8 ans ces deux cinéastes en herbe ont pris conscience du plaisir qu'ils avaient connu à la réalisation de leur film, tout comme des difficultés rencontrées: "la pâte à modeler devenait toute sèche et ça faisait tout craquelé! C'était long, mais c'était obligé, et Maminou à la fin ne prenait plus assez d'images alors la voiture tombait trop vite, mais c'est super on va passer à la radio!!!" 

Un témoignage aussi professionnel que leur court-métrage! Bravo!


                                                         

  • Prix Mike et Jerry pour Mélodie Bal et son équipe: "La Cité de la Peur"

Avec une touchante humilité, Mélodie a su remercier toute son équipe, et mettre surtout en avant son plaisir (leur plaisir!) d'avoir participé pour la 2nde fois (et remporté à nouveau le prix Mike et Jerry!). Elle y a trouvé l'énergie de travailler à plusieurs dans un grand enthousiasme, énergie qu'elle développe depuis un certain temps puisqu'elle a déjà plusieurs films à son actif, avec le même groupe d'amis:

Eden, dont voici un lien vers la bande-annonce: "Eden" de Mélodie Bal, Trailer

Midsommar récompensé par le prix Mike et Jerry 2024: Midsommar de Mélodie Bal

La fille aux yeux célestes, en cours de réalisation. la fille aux yeux célestes, de Mélodie Bal

Une équipe pleine de promesses, que nous sommes heureux de soutenir à notre façon!

Outlooks Production

Instagram outlooks production

  • Prix du Jury pour Sacré Graal, version suédée, pour Etienne Olivo Casasola (et non Casasoli!)
Un film réalisé en  toute hâte, le temps d'un week-end durant lequel une fratrie se retrouvait. Bravo à tous pour l'excellence de la reprise du film, l'humour qui s'en dégage qui n'a rien à envier à Terry Gilliam (ou presque!) Comme quoi, le temps ne fait rien à l'affaire!



Les mentions spéciales décernées par le jury sont loin d'avoir été volées:
  • Cédric Sylvestre (Fleur d'épine adapté de "La Belle Au Bois Dormant") a fait preuve d'une grande maîtrise technique et de réalisation. Il a cherché à rester au plus proche du dessin animé original, avec des prises de vue réelles (bravo aux actrices d'ailleurs!) parcourues par des effets spéciaux impressionnants (la petite lumière verte  hypnotisant la belle notamment). Son équipe s'est donné beaucoup de moyens au niveau des décors, des costumes. 


Fidèle, enthousiaste et créative, plusieurs membres de cette équipe l'avaient déjà accompagné pour son premier court-métrage "Examen 42", présenté au Nikon Films Festival 2025: 

Lumière bros Legagy


Nous souhaitons à Cédric une belle continuité de production, ce dont nous ne doutons pas! Et comptons bien le revoir participer à notre concours!
  • Jeanne Charmot (Chicken Re-Run, adapté de Chicken Run) nous a séduit pour sa créativité, sa poésie... Réécrire un film d'animation avec un autre type d'animation mêlant marionnettes et jeu d'acteurs en chair et en os avec une telle qualité permet de donner libre court à l'imagination de mille futurs réalisateurs! Les barrières sont franchies, à chacun de s'y mettre!
                                        
Réalisation créée dans le bonheur serein d'une famille pleine de ressources, nous espérons que Les Charmot continueront de nous charmer longtemps!
  • Ethan Vinay (My wonderful Boy, adapté du film éponyme) a su nous émouvoir avec une réalisation humble et poignante. Déjà réalisateur de plusieurs courts-métrages, ce jeune collégien montre que le talent n'a pas d'âge, et qu'un défi permet de mettre à contribution tout son potentiel. D'un univers plutôt "film d'horreur", il s'est surpris lui-même en se laissant convaincre par son comédien Anthony Bonnevie , accompagné de son frère Ilan Vinay (tous deux lycéens) afin de traiter un sujet d'importance sociale forte 
"La drogue, en parler c'est déjà agir". 

                                         



  • Jean-Pierre Burnet (Jean Milhomme, 23 quai Paul Léger 74500 Evian) est un savoureux hommage à "Jeanne Dielman 23 commerce 1080 Brussels" cette œuvre de Chantal Ackerman considéré comme le meilleur film de tous les temps. A nous les frites!

Toutes les autres réalisations avaient leur intérêt, et surtout en commun la joie d'avoir mené un projet motivant et riche en émotions gratifiantes. Nous espérons que cette séance aura donné à chacun le plaisir d'avoir partagé leurs créations, et l'envie de recommencer!

Merci donc à

     La Maison Pour Tous Evian pour "Le Cass'ting"

                                           


                                                    
Alicia Martignière pour "Very Bad Trip"
    
                                                

                                                   Miya Keddari pour "La Comtesse de La Versoie"

           

                                                            Lou-Anne Boucaud pour "La La Land"

                                              
    
                Alaïs Besson et Inès Bel pour "A nous deux"

                                               

           

                Adrien Hue pour "La Tour Montparnasse Infernale"

                                              

                                              Artesa Rexhepaj pour "Raiponce Nouvelle Génération" 

                                              


Nous vous attendons tous! Nul besoin d'attendre pour vous projeter, le compte à rebours est lancé!

Merci encore et bel été! Et n'hésitez pas à partager!






lundi 23 juin 2025

La Presse en parle! Remise des prix du Concours de courts-métrages amateurs 5mn pour ton grand film 3ème édition 21 juin 2025



    Fête de l'été, fête de la musique, ce 21 juin 2025 aura aussi été une fête du cinéma à Evian.
    Le Silencio Club Ciné a projeté au Cinéma Royal les 14 films ayant candidaté pour le concours de courts-métrages amateurs "5 mn pour ton grand film" 3ème édition.
    Plus de 70 spectateurs sont venus les applaudir dans une ambiance joyeuse et bienveillante. Des équipes de tous âges, de tous horizons du Chablais ont offert à un public conquis tout un panel d'émotions. Le rire était au rendez-vous!
  • Prix Culottes Courtes décerné aux jeunes Judith et Eliott Paccard pour "Les Minions"
  • Prix Mike et Jerry attribué à l'équipe de Mélodie Bal pour "La Cité de la Peur"; (équipe déjà récompensée en 2024 pour "Midsommar"!)
  • Prix du Jury attribué à "Sacré Graal -version suédée" de Etienne Olivo-Casasola
Beaucoup d'humour cette année dans le choix des films, et dans leur réalisation. 
Mais pas seulement. 
Plusieurs films méritaient d'être encouragés, le jury a donc choisi d'ajouter trois mentions: 
  • Mention "qualité technique exceptionnelle" pour "Fleur d'Epine" de Cédric Sylvestre
  • Mention "qualité créative" pour "Chicken-re-run", de Jeanne Charmot
  • Mention "audace thématique" pour "My Beautiful Boy" de Ethan Vinay, aidé par Ilan Viney et Anthony Bonnevie
+ Mention spéciale du président  "audace de suéder Le Plus Grand Film du Cinéma" (décernée à Jean-Pierre Burnet pour "Jean Milhomme, 23 quai paul Léger, 74500 Evian" son adaptation de "Jeanne Dielman, 23quai du commerce, 1080 Bruxelles, de Chantal Ackerman)

2 places sont offertes par le Cinéma Royal pour chaque équipe ayant candidaté, valables au cinéma d'Evian ou celui de Douvaine.
Les films primés sont récompensés par des bons d'achats valables dans les commerces d'Evian, grâce à une subvention de la ville d'Evian.

Nous remercions chaleureusement les membres du jury pour leur regard avisé permettant de départager les talents émergeants: Laurent Le Forestier, professeur de cinéma à Lausanne, Samuel Maïon-Fontana, vidéaste, Sonia Laden, artiste plasticienne et musicienne, créatrice du visuel du concours et Tania Roux.

Samuel Maïon-Fontana annonce l'événement Evian Doc Fest: un appel à réalisation de documentaires au format court qui seront présentés les 27 et 28 septembre. Renseignements au Cinéma Royal Evian. eviandocfest.com

Merci à tous, et rendez-vous pour la 4ème édition!
Silence on tourne! 

Céline Vergori, pour le Silencio-club-ciné
 

Etienne OLIVO-CASASOLA / Prix du Jury- Sacré Graal, version suédée
Noam TESSON-Mélodie BAL / Prix Mike et Jerry  - La Cité de la Peur
Eliott et Judith Paccard / Prix Culottes Courtes -Les Minions
Laurent LE FORESTIER Professeur de cinéma à Lausanne
Samuel MAÏON-FONTANA Vidéaste
Tania ROUX Projectionniste du Cinéma Royal
Sonia LADEN Artiste plasticienne et musicienne, créatrice du visuel du concours


 

samedi 14 juin 2025

Cycle Vengeance: Revenge, Susanne Bier (2010)


Pour clore le cycle "Vengeance, le ciné-club Silencio a choisi "Revenge", de Susanne Bier.

D'un côté des garçons aux familles disloquées et au quotidien brutal cherchent dans la vengeance une réponse à la violence qu'ils subissent.
De l'autre, un père confronté aux horreurs de la guerre préfère y répondre d'une autre manière.

Un film récompensé par de nombreux prix, dont le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère 2010.

Colère et tristesse, haine et amour, désir de vengeance et conflit du pardon.
Une explosion de remises en questions, une explosion d'humanité, servie par des acteurs remarquables et une mise en scène maîtrisée;

Ne le manquez pas!

Vous profiterez des éclairages édifiants  qu'Abderrahmane Bekiekh nous apporte à chacune de ses analyses, grâce à ses compétences universitaires. 
 

lundi 19 mai 2025

Après La séance: Les Diaboliques, H.G. Clouzot, 1955.


     Une séance du cycle "Vengeance" qui a réuni un public de curieux, amateurs de suspense et attirés par la thématique, ainsi que de cinéphiles avertis, venus voir ou revoir avec un réel plaisir ce chef d'œuvre sur grand écran. 


    L'ambiance humide et glaçante, le talent de Simone Signoret, Véra Clouzot et  Paul Meurisse, les scènes en contrepoints portés par des seconds rôles notables, le scénario qui enlise nos certitudes dans le tourbillon d'un siphon insalubre, la fin ouverte, l’hypothèse d'une manipulation encore plus machiavélique que pressentie dès le début du film... tout çela et bien plus encore, c'est du grand art! 

Nous tenterons de ne rien révéler qui puisse dévoiler la trame. 
Mais nos échanges après la projection nous ont aidé à sortir la tête de l'eau. Faisons le point!

        I. Le film

 A. A l'origine:

    Le film est tiré du roman  "Celle qui n'était plus", du tandem Boileau-Narcejac.  Son deuxième titre, "Les Diaboliques" sera préféré au premier pour son caractère plus énigmatique, premier artifice "d'inconfort" pour les spectateurs.
    Véra lut le roman, à l'injonction de son mari. Elle lui rendit la pareille, afin qu'il le porte à l'écran. Le réalisateur de "La Vérité", "Le Corbeau", "Le Salaire de la Peur", etc. trouverait en le lisant un terrain de jeu tel qu'il les aimait pour malmener les nerfs du public. 
    Henri-Georges Clouzot s'éloigna quelque peu de la trame de départ. A l'origine, c'est l'épouse d'un représentant de commerce qui est assassinée par son mari, sous l'influence de sa maîtresse, afin que l'assurance-vie de la défunte revienne au couple adultère.

    "Celle qui n’était plus" se révèle être un thriller psychologique quasi fantastique où les doutes et les remords d’un homme le font sombrer peu à peu dans une solitude inquiétante et lui font sensiblement perdre pied face à la réalité.
    Noyée dans les deux histoires, la victime disparait, posant la question de sa mort effective. 
    Pourtant, la configuration choisie par Clouzot est plus perverse et surprenante: son scénario unit deux femmes dans l'adversité pour mettre fin aux jours de celui qui les fait toutes deux souffrir. 
    La richesse des retournements nous donne le vertige, jusqu' à la dernière minute. Quel est le véritable mobile? L'argent? L'amour? La haine?   La réponse n'est pas si simple.

B. Le genre en question:

    On retrouve des caractéristiques du film noir: des personnages ciselés, aux personnalités bien définies, qui se rapprochent au fur et à mesure du film vers une voie sans issue, noyée; une enquête, davantage menée par nous, ou plutôt Clouzot, que par le commissaire en retraite qui apparaît presque à la fin.
Mais les faits étranges inexpliqués, les apparitions-disparitions, les effets visuels, le rôle des enfants ne s'accordent pas avec le ton dramatique des films noirs. 
    Film policier? L'enquêteur ne résout rien. Est-ce un complice de Mme Delasalle? Un curieux avide de mystères à résoudre? Son apparition semble bien fortuite. 
    Horreur? Exceptés les yeux révulsés de Michel (Paul Meurisse), qui s'avèrent très rapidement être un stratagème pour effrayer Christina (Véra Clouzot), la peur grandissante est plus liée par des faits inexplicables que par des éléments repoussants. 
    Thriller psychologique? A n'en pas douter. La directrice est mise à rude épreuve, (et jusqu'où?) . Quant à nous, nous sommes de plus en plus tendus.
    Fantastique? Tous les faits étranges finissent par être expliqués... Tous? Non. Le trouble ne nous quittera pas. Et si...?

Ponctué de scènes décalées, voire humoristiques que Michel Serrault (un professeur), Jean Lefèbvre (le soldat ivre), Charles Vanel (le commissaire à la retraite), Noël Roquevert (le locataire râleur), Jean Brochard (le concierge de l'institut) ... servent avec excellence, ce film est inclassable.
 C'est aussi ce qui en fait sa force!

C.Côté mise-en-scène

  1   Ouverture:

Le générique commence sur une image énigmatique. Gros plan sur une étendue  stagnante légèrement mouvante, opaque, tachetée...  L'ambiance est donnée. L'eau d'une piscine abandonnée, oubliée...idéale pour noyer les regards. 

  2   Lieu du crime:

Clouzot transposa l'histoire écrite par Boileau et Narcejac dans une institution privée pour garçons: « Elle me donnerait à la fois une atmosphère sinistre et, grâce aux enfants, un univers un peu féerique. » 
Le décor dramatique était choisi. Il fallait trouver le cadre. 
Le Château de L'Etang-La-Ville, dans les Yvelines s'y prêterait à merveille. Chargé d'un lourd passé, encore récent, il avait été laissé à l'abandon.
Après avoir servi de caserne à un régiment allemand sous l'occupation, il allait devenir le théâtre du pensionnat Delasalle. 
Un pensionnat pas vraiment reluisant, aux grilles multiples, extérieures comme intérieures. Grilles, claustras, cloisons ajourées aux croisillons de confessionnal... Les ombres de parallèles dessinent encore ces barreaux. On n'entre pas au pensionnat. On n'en sort pas. Seuls les fantômes et les criminels s'en échappent, sans que personne ne s'en aperçoive. 
 3   L'eau:
    L'eau est partout. Mais elle ne désaltère pas, elle ne rafraîchit pas. Elle noie.   
Au Château, tout s'enfonce dans la vase qui fait disparaître corps, briquet, clé.
Au Château, on roule sur les bateaux de papier, on nourrit les enfants avec du poisson à bas prix, on ordonne leur plongeon dans les eaux troubles.
Mais c'est à Niort que la baignoire se remplit, et se vide.
    L'eau bouillonne et éclabousse lorsque Michel se débat, l'eau fait hurler les tuyauteries comme un appel au secours, pour n'être qu'une nuisance insupportable pour les voisins peu curieux. Du bruit, du bruit, du bruit. Le son a son importance dans la mise en scène. Et c'est peut-être pourquoi la musique n'a pas sa place dans le film, hormis dans le générique de début, chorale macabre, et celui de fin, véritable messe des morts. Brrr!
 
De Niort au pensionnat la malle en osier dégouline, sans pourtant trahir le crime.

 4   Un, deux, trois, qui donc restera?
    Le corps noyé sera noyé une seconde fois. 
Pour disparaître. 
Et réapparaître. 
Est-il vivant? Est-il mort? Est-ce un fantôme? Un mort-vivant? 
   Le cœur de Christina résiste. Celui de Nicole s'emballe.
Qu'en est-il vraiment de  Michel Delasalle? 
    Le rythme devient infernal, sans qu'on puisse imaginer le final.
Valse du surnaturel avec la machination froide et pragmatique.
Valse des certitudes, ou des incertitudes. 
Dirigée de main de maître par Henri-Georges Clouzot.

 5   Distinctions
  • Prix Louis Delluc en 1954.
  • Prix du meilleur film étranger lors des New York Film Critics Circle Awards 1955.
  • Prix Edgar Alan Poe du meilleur film étranger en 1956.


        II.  Anecdotes

     Conscient que son film tirait une grande partie de sa force du coup de théâtre final, Henri-Georges Clouzot fit passer un carton demandant aux spectateurs de ne rien dévoiler du dénouement à leurs proches pour ne pas gâcher leur plaisir. Il réussit aussi un joli coup marketing en exigeant que les portes des salles soient fermées dès le commencement de la séance. 

    "Celle qui n'était plus" de Boileau-Narcejac nourrira l'écriture du film de Clouzot, "Les diaboliques", recueil de nouvelles de Barbey D'Aurevilly lui donnera son titre.  Un titre sans genre, qui n'identifie personne.
 Clouzot souhaitait délibérément se placer sous l'égide de l'écrivain, jusqu'à ouvrir son film par une de ses citations: " Une peinture est toujours assez morale quand elle est tragique et qu'elle donne l'horreur des choses qu'elle retrace" . Cette citation des Diaboliques de Jules Barbey d'Aurevilly, en exergue du film, donne le ton des Diaboliques de Clouzot.

    Pour les besoins d'une scène clé, on raconte que Clouzot obligea Paul Meurisse à rester une journée entière plongé dans une baignoire d'eau froide. L'eau n'aurait pas été si froide et Paul Meurisse aurait été séché et réchauffé à chaque prise. Mais tout de même, la vie d'acteur n'est pas douce tous les jours!

    Les tensions entre Meurisse et Clouzot s'accompagnaient d'une certaine jalousie de l'interprète de Michel Delasalle pour sa partenaire à l'écran. Il trouvait que Véra Clouzot était mauvaise actrice, et le temps que passait Clouzot à soigner les plans où elle apparaissait l'exaspérait. Il n'était peut-être pas le seul... 

    En regardant bien la photo de classe, on repère un jeune figurant juste derrière Simone Signoret. Il n'est autre que Jean-Philippe Smet, devenu le célèbre Johnny Halliday!

        III. L'après "Diaboliques"

    D'origine brésilienne, Véra Clouzot n'est apparue que dans trois films, tous signés de son mari. Reconnut pour son tempérament tyrannique avec son équipe,  celui-ci se montrait aussi exigeant avec elle qu'avec les autres acteurs, n'hésitant pas à la secouer physiquement, à lui hurler dessus ou à lui faire refaire dix-huit prises d'une scène de quelques secondes.
Elle, dont la santé était aussi fragile que celle de Christina Delasalle, succombera à une crise cardiaque 5 ans plus tard, comme son personnage. 

    Hitchcock, qui n'avait pas obtenu les droits de "Celle qui n'était plus", demanda une autre source d'inspiration au duo d'écrivains à suspens. 
Boileau et Narcejac écrivirent "D'entre les morts". Ainsi naquit "Vertigo". 

    Il y eut un remake américain, "Diabolique", en 1985, avec Chazz Palminteri‌ dans le rôle de Michel Delasalle, Sharon Stone en place de Simone Signoret, et Isabelle Adjani pour jouer le rôle de Véra Clouzot.  Le personnage du commissaire joué par Charles Vanel dans l'original est devenu une femme, interprétée par Kathy Bates. Un casting de haut niveau!
Mais une bonne distribution ne suffit pas. Un bon sujet non plus. Et le film de Jeremiah S. Chechik fut loin d'être une réussite.
 
Scénario et mise en scène sont les rênes du cinéma.




Ne manquez pas la 5ème et dernière séance du cycle "Vengeance", "Revenge" de Suzanne Bier (2010), jeudi 19 juin , 20h au Cinéma Royal, à Evian!




dimanche 11 mai 2025

"Les Diaboliques", de Henri-Georges Clouzot (1955) - Cinéma Le France 22 mai 2025

 Quatrième film du cycle "Vengeance", "Les Diaboliques" (1955) d'Henri-Georges Clouzot est une adaptation du roman policier de Boileau-Narcejaq, éponyme et paru aussi sous le titre "Celle qui n'était plus".

    Deux femmes que tout oppose s'unissent dans l'adversité. Elles veulent se venger d'un homme qui les fait trop souffrir, l'une comme l'autre, et qu'elles ne supportent plus. Mais leur rébellion semble se retourner contre elles. Des faits inexpliqués et de plus en plus inquiétants se succèdent, et mettent leurs nerfs à rude épreuve.

  Thriller psychologique frisant le film d'horreur, il tend la corde raide dans un trio infernal. 

    Avec Simone Signoret, en maîtresse déterminée à vaincre son bourreau, Véra Clouzot, en épouse fragile qui veut mettre fin à son calvaire et Paul Meurisse en maître des lieux cruel et démoniaque.

     De retournement en retournement, la valse des tensions nous malmène et nous entraîne dans un vertige hitchcockien. Celui qu'on appelait le Maître du Suspens aurait d'ailleurs bien voulu acquérir les droits du livre avant l'auteur bien français de "L'Enfer", "Le Corbeau", "La Vérité", ou "Le Salaire de la Peur"...

    Qui finalement est le plus diabolique? 


jeudi 24 avril 2025

Le Silencio a aimé: "Lettre d'une inconnue" Max Ophüls, 1948


 

Une jeune femme (Joan Fontaine) tombe amoureuse d'un musicien (Louis Jourdan) et cela va durer 15 ans pendant lesquels il la croise sans la reconnaître. Mufle n'est ce pas.

Joan Fontaine n'est pas filmée mièvrement comme on aurait pu s'y attendre mais de façon quasi-amoureuse par Ophüls et la scène de la rencontre est merveilleuse. Les mouvements de caméra sont aériens notamment dans les scènes de l'opéra.

Le film est en flash-back puisque le musicien reçoit une lettre de cette femme qui vient de mourir (Là, Ophüls charge la barque un peu trop) et il s'aperçoit de cet amour et cela lui ouvre les yeux. Et finalement il monte dans un fiacre pour aller se battre en duel.


A voir de toute urgence. 

Jean-Pierre


Librement adapté de la nouvelle éponyme  de Stefan Zweig (1922).

dimanche 20 avril 2025

"Coup de tête!" Jean-Jacques Annaud, (1979) 17-04-25, au Cinéma Royal (Evian)


Troisième film de notre cycle " Vengeance "Coup de tête " de Jean-Jacques Annaud, est une comédie de mœurs acide qui dénonce les arrangements peu reluisants du petit monde du football. 

La vengeance est un plat qui se mange froid, mais se déguste avec élégance!
Un film mythique, avec l'inoubliable et charismatique Patrick Dewaere

  • L'histoire : 
François Perrin, ayant perdu sa place dans l'équipe de football de la ville, perd également son emploi et son logement. Accusé d'un crime qu'il n'a pas commis, il perd enfin sa liberté. Pour peu de temps ! Car par manque de joueurs qualifiés, "la ville" le fait sortir de prison pour aider son équipe à gagner son prochain match, ce qu'il fait avec brio. Il devient le héros de la ville et met les notables dans l'embarras : que faire de lui ? Si eux s'affolent, Perrin, lui, prépare sa vengeance.
  • Le contexte: 
En 1978, un an plus tôt, c'était la coupe du monde de football en Argentine. A l’époque, c’est le dictateur argentin Jorge Videla qui tient le pays par le peur et la corruption, à coup d’assassinats, de « suicides », d’organisation de disparitions d’opposants et de répression. Compte-tenu des rapports entre football et politique mafieuse, tout a été fait pour que l'Argentine remporte la coupe. L’une des plus grosses affaires de corruption de l’histoire de la coupe du monde.

  • L'équipe: 

Jean-Jacques Annaud signe ici son deuxième long-métrage, après "La Victoire en Chantant" (1976). Boudé par le public français, récompensé par les américains (oscar du meilleur film étranger), il tient à faire ses preuves dans son propre pays.
Francis Veber est un "scénariste chevronné, grand expert de la mécanique du rire et des rouages du vaudeville", qui fait vivre sous sa plume depuis 1971 le personnage de François Pignon/Perrin, "petit homme dans la foule, plongé dans une situation impossible dont il a à peine conscience." 
Mais Perrin-Dewaere bien qu'il soit la cible systématique de cette petite ville, n'est pas si naïf. Et saura dribbler pour tirer droit au but!
Patrick Dewaere n'était pas pressenti à l'origine pour ce rôle. La Gaumont lui préférait Depardieu. Mais Jean-Jacques Annaud savait que le côté fragile de Dewaere s'accorderait mieux avec le personnage de Perrin. « Perrin est un piano désaccordé », alors que « Depardieu est un acteur de la gamme majeure ». Il lui fallait « un acteur qui sache jouer "en mineur" ».  
  • En amont:
Pendant un an, Veber et Annaud ont fréquenté le monde du football, les équipes, les supporters, etc. se documentent et nourrissent leur imaginaire de réalités qu'ils ont observées: 
- Une moitié de billet avant, l'autre après, en cas de victoire!
- "Je paye 11 imbéciles pour en calmer 800!"
Ils ont été accompagnés par Guy Roux pour toutes les scènes de football, et le match auxquels Berthier et Perrin participent est celui d'Auxerre-Troyes. Guy Roux a validé le premier but marqué par Dewaere :"On n'aura jamais une meilleure prise!" Au montage, ce même tir a été utilisé aussi pour le deuxième but.

  • Après la séance, commentée par Laurent Le Forestier.

1. Vengeance:

Le personnage de François Perrin, joué par Patrick Dewaere utilise la paranoïa pour assouvir sa vengeance. La paranoïa que sévit sur la commune de Trincamp, qui fait trembler tous les habitants, les fait vivre aussi. Ils sont les propriétés du club de foot, de l'usine, du maire... et doivent agir en conséquence s'ils veulent garder leur place, quelle qu'elle soit.
Perrin le sait. Il en a subit le système depuis sa naissance. Il est cohérent dans sa démarche, suit la morale des anarchistes, refuse la soumission des parvenus.

2. Football: du sport à la politique

Décennie marquée par de nombreuses grèves des joueurs de football, elle révèle les conditions malsaines qu'impose ce sport si populaire. Les joueurs ont tous un contrat qui les lie de façon servile à leur club, à vie. Michel Platini réagira efficacement du fait de sa notoriété. On retiendra de lui l'injonction: "Rendons le foot aux footballeurs!"

Alain Godard, scénariste et ami de Annaud, eut l'idée du film en suivant l'épopée du modeste club régional breton "En Avant Guingamp"  en Coupe de France en 1973.  Le nom Trincamp a été trouvé par le réalisateur pour faire le rapprochement avec Guingamp. Sous la pression de Gaumont, Annaud accepte de laisser Veber reprendre le scénario pour en parfaire les dialogues et la construction.

C'est donc bien un parti pris politique qui anime les auteurs de ce film. Et tout le montre.

" J'ai réussi à être le dernier à Trincamp. Avec un peu d'ambition, j'arriverai à être le dernier à Paris.", dit-il avant de quitter la ville qui le chasse, une première fois, en lui retirant toute place sociale.

Car il sera chassé une deuxième fois. Jeté en prison.

Et enfin une troisième fois, avec le désir de l'y remettre. Pourtant cette troisième fois ne verra pas s'accomplir la finalité qui était programmée . C'est là que Perrin assouvira sa vengeance en inversant les rôles, et en jouant du talon d'Achille des habitants de Trincamp, gouvernés par la peur.

Emmanuel Carrère a dit: "Le foot est très populaire. Ici, c'est un milieu détestable." 

Le football n'a pas souvent été le fond d'un film de cinéma. En 1984, Jean-Pierre Mocky réalise "A mort l'arbitre!" où des gens s'enflamment et utilisent le football pour leur réussite personnelle. Même combat... 

Un parti pris du film donnant à réflexion... 


3.  Scénario et mise en scène

Le scénario de Francis Veber se construit ainsi, par la reprise de scènes récurrentes, avec une légère variation à chaque fois: la scène du poids lourd qui prend Perrin en stop étant la plus évidente. Mais aussi celle du serveur qui apporte les verres, celle de la prison... C'est un langage, une signature qui rythme la mise en scène de Jean-Jacques Annaud avec humour, et satire. On prend la première reprise avec amusement, la deuxième insiste sur le côté insolent et absurde, rebelle et décidé, raisonné de Perrin, de sa vengeance, la troisième (si troisième il y a) savoure, avec ironie.

 La direction des acteurs, qui jouent ces personnages ridiculisés par l'aplomb de celui qu'ils ont banni, est renforcée par la reconnaissance des plans qui marquent le retournement des situations, souvent portées au paroxysme de l'absurdité. Les simples pions dont Perrin se joue en ont le vertige (le garçon d'étage, les conducteurs de poids lourds...) 


4. Personnages, acteurs, actrices:

    Le jeu de Patrick Dewaere et sa personnalité, qui passe de la douceur, la soumission apparente, à la violence, l'état survolté, répond au souhait de Jean-Jacques Annaud : travailler avec un comédien qui sache déstabiliser par la variété des registres visités, surprendre les spectateurs et les acteurs eux-mêmes. Lors de la scène du banquet, scène très improvisée, Dewaere a terrorisé tout le plateau par son explosion de colère. Il joue avec subtilité, avec tout son corps, avec son regard. Chacun de ses mouvements dit quelque chose de son personnage. 

    Robert Dalban joue le seul vieux "footeux" intelligent. On se prend de sympathie pour lui qui parle à Perrin avec gentillesse, tendresse même, quand tous les autres  le traitent avec mépris. Le comique de son jeu est fin, il joue avec l'expression, le regard, le sourire, le corps. Il n'a pas beaucoup de dialogue, mais ses mots sont choisis avec simplicité et justesse.

    Hubert Deschamps, le directeur de prison, joue de façon assez improvisée. La scène du retour de Perrin en devient absurde, car tout est renversé: le prisonnier libéré qui veut absolument réintégrer la prison, le directeur qui s'y oppose, le condamné qui s'accroche à la porte, le directeur qui le met à la porte. Le dialogue est également savoureux d'incohérence, et chacun joue son rôle à merveille.

    Jean Bouise a obtenu, pour son rôle de président du club de football et patron de l'usine, le prix du meilleur second rôle. Il fait vivre son personnage par de petites choses, des petits gestes. Il joue un être intelligent mais règne sur son royaume comme sur une cour de serfs vils et serviles qu'il maîtrise et méprise au plus haut point. Imperturbable, manipulateur, il finit par être manipulé, poussé dans ses retranchements, acculé, par celui qu'il croyait écraser. Comment ne pas être plus perturbé?

    Claude Gros, le garçon d'étage (et supporter au début du film), campe un personnage caricatural qui se prête tout à fait à la mécanique comique des scènes qu'il anime. Soit on grossit le trait, soit on réduit le personnage à une silhouette que l'on fait valser comme une balle de ping-pong perdue. D'abord enjoué, il est ensuite inquiet, puis totalement terrorisé... et c'est très drôle!

    Les rôles de femmes "d'intérêt" font partie de la haute société (Mlle Lefèvre / France Dougnac, et Mme Sivardière/Corinne Marchand), comprennent les situations et s'en amusent. Les autres sont insignifiantes et reléguées à une condition bien réductrice (Marie/ Dorothée Jemma), voire ridicules (les épouses).

A la fin, les deux victimes s'associent: Perrin, victime de la société, et Mlle Lefèvre, victime de l'agression. Elle est la seule à lui donner une échelle, et c'est  pour qu'il descende la rejoindre vers la vengeance et la liberté. 


5. Image et son:

Jean-Jacques Annaud est un homme de cinéma. Il vient de la publicité où il a appris à soigner l'image, son esthétique. Ici, peu d'effets visuels. Mais une qualité plastique  certaine: le film débute par 3 scènes aux panoramiques verticaux descendants, rappelant ainsi la verticalité de l'échelle sociale (échelle que l'on descend le long de l'immeuble!)

La musique est de Pierre Bachelet. On l'entend chanter une sorte d'hymne du club de Trincamp, tandis que celui-ci défile. La musique s'arrête, puis il siffle, et on entend la voix off.  Les chants émanent de la foule, ils sont réalistes. Quand Bachelet siffle, la dimension est différente, intérieure, ce que nous confirme la voix off.

    La première scène 

La scène où Perrin travaille dans la rue avec les éboueurs est très poétique, tant par son sens, l'utilisation du son off, le choix des mots) que par son esthétique. Ce passage laisse un souvenir façon film noir, dont "Coup de Tête" semble emprunter le genre. A la fois très noir, il reste une comédie. C'est une fable, une satire sociale. 

"J'ai voyagé dans toute l'Afrique, sans carte d'identité. Juste avec ma carte de chômeur." Voix off de François Perrin. Poésie assez sombre, teintée d'humour encore. Satire sociale, toujours.

Le son a son importance dans plusieurs scènes . Celle de la chambre avec le garçon d'étage qui revient pour la troisième fois: on ne voit pas le serveur qui tremble, mais on entend les verres s'entrechoquer! Celle de l'agression de Mlle Lefèvre: c'est parce qu'on ne reconnait pas la voix de Perrin que l'on sait qu'il est innocent. Celle de Perrin marchant sur le bord de la route: on entend une voiture arriver, en son off, on croit que c'est la police, il s'agit de la voiture de Mlle Lefèvre. Celle où le Président du club et ses sbires ramènent Perrin à la prison :"Ok! mais alors discrètement..." Tout semble calme et discret, mais la caméra panote et on découvre la foule des supporters en même temps que le vacarme s'amplifie... 

Les exemples ne manquent pas! 

    La scène finale

Rappel de la scène initiale, parade de la victoire, commentée par la voix off de Perrin-Dewaere. Il était alors assis sur la voiture conduite par les dominants, qu'il écrasait, traversant la foule des dominés qui l'acclamaient. 

Dans cette dernière scène, il remonte la même rue, à pieds, glaçant de peur tous ces mâles dominants, réduits à néant. Il ne leur fait rien, il avance. C'est sa vengeance. Sa vengeance qui se teinte de couleurs douces lorsque que la foule des "dominés" se transforme en farandole amicale. Elans de sympathie, de reconnaissance, humaine. C'est sans doute là, sa vraie vengeance. 



samedi 12 avril 2025

After Nanars!

 



Merci à Tania et Guillaume pour cette soirée réussie!
 
Nous étions 22 à découvrir les bandes annonces dénichées par Tania, à visionner deux navets qui finalement étaient effectivement des nanards. Sourires attendris, soubresauts joyeux et rires aux éclats...une véritable escalade délirante!

Un premier film, "Plan 9 From Outer Space" mêlant vampires, morts-vivants, secousses aériennes, soucoupes volantes,  polar (mauvais bien sûr!), annonce de fin du monde et morale de bas étage! Et Dieu dans tout ça? Créateur de l'Univers, même les extra-terrestres croient en lui!... Faux raccords à gogo, décor en carton pâte, personnages inutiles, figurants joueurs: qui s'est le plus amusé?
 
Petite pause gourmande, rafraîchissante, et riche en retrouvailles, nouvelles rencontres, échanges de cinéphiles réjouis, etc. autour d'une table bien garnie de petites victuailles et d'une sélection de livres et dvd sortis de la malle aux trésors de nos animateurs passionnés!

Retour en salle et Super Quiz élaboré par Guillaume: même les plus novices y trouvent leur compte! Références insoupçonnées, surprises des réponses révélées. Ambiance adéquate!

Deuxième film "Starcrash: le choc des étoiles". "Starwars: la Guerre des étoiles" n'est pas loin. "La Planète des Singes" non plus! Et même "Metropolis"!  Les références fusent! 
Stella Star en Barbie brune et Ken frisé au sourire-dentifrice, costumes à ravir (Stella Star condamnée aux travaux forcés en "maillot de bain" noir et cuissardes à talons, ça vaut le détour!!!), scénario léger, léger, parfait pour s'envoler "vers l'infini, et au delà!!!"

La nuit des nanars n'était pas si longue. Et si on recommençait? Affaire à suivre!